Si l’IoT est cousin du M2M, son positionnement par rapport à ce dernier a longtemps fait débat. Pour le docteur Mahdi Ben Alaya, fondateur et CEO de Sensinov, startup spécialisée dans l’interopérabilité des environnements connectés, la notion d’IoT, plus récente et plus populaire, s’inscrit clairement dans la continuité du M2M :« Ces termes ont souvent été présentés comme deux concepts différents. La réalité est plus nuancée. », estime-t-il. Selon ce dernier, trois grandes visions coexistent.
Dans la première approche, le M2M est associé au secteur industriel, où les environnements sont généralement fermés, tandis que l’IoT renvoie à des usages plus larges, ouverts au grand public. « Avec l’IoT, les technologies autour des objets connectés se sont démocratisées, et les utilisateurs finaux ont commencé à pouvoir y accéder », décrit Mahdi Ben Alaya.
Avec la seconde définition, le M2M désigne les solutions technologiques déployées pour construire des environnements connectés, tandis que l’IoT englobe l’ensemble des objets connectés grâce à ces solutions. Ces objets ne sont pas forcément des machines : il peut s’agir de plantes, d’animaux ou même d’êtres humains. « Si l’on prend l’exemple d’un dispositif d’arrosage automatique, basé sur des capteurs d’humidité installés au pied des plantes, celui-ci appartient au M2M. En revanche, les plantes ainsi connectées font partie de l’IoT », illustre Mahdi Ben Alaya.
Enfin, la troisième approche, celle qui a la préférence du CEO de Sensinov, considère le M2M comme la couche technologique, « les fondations » sur lesquelles repose l’IoT. De son côté, le terme d’IoT renvoie aux usages, qui sont multiples. « Pour moi, M2M et IoT sont deux notions complémentaires. Le terme d’IoT a pris le pas sur le M2M depuis quelques années, mais ce dernier reste utilisé, notamment par les instances qui travaillent sur la standardisation, comme OneM2M », observe le CEO de Sensinov.
L’Internet des Objets trouve donc ses racines dans les dispositifs M2M de l’industrie. Ils ont permis d’échanger des informations sans intervention humaine, en combinant des capteurs intégrés à des réseaux et technologies d’identification et de traçabilité comme le RFID. Les premières applications sur large échelle ont vu le jour dans le milieu des années 90, portées par l’essor des réseaux GSM.
L’arrivée des objets sur le réseau IP, le protocole de base d’Internet, est un peu plus tardive et a débuté par le grand public. L’un des premiers objets connectés fut en réalité un distributeur de Coca-Cola situé à l’Université Carnegie Mellon, créé au début des années 80, pour vérifier à distance le stock de boissons fraîches. Toujours aux USA, John Romkey a présenté en 1990 un grille-pain connecté à Internet. En France, la société Violet, connue pour ses lapins Nabaztag, a fait figure de pionnière avec une lampe connectée présentée en 1994.
En 1997, le prospectiviste Paul Saffo fait paraître un article visionnaire sur les capteurs, qui selon lui seront à l’origine de la prochaine grande vague d’innovation du secteur informatique. « Que se passe-t-il quand nous donnons des yeux, des oreilles et d’autres organes de perceptions aux machines, s’interroge-t-il. Inévitablement, nous allons demander à ces machines de répondre à ce qu’elles perçoivent, de manipuler le monde autour d’elles. »
Enfin, c’est en 1999 que le terme IoT apparaît pour la première fois, utilisé par Kevin Ashton, directeur du centre Auto-ID au MIT (Massachusetts Institute of Technology).
Pendant plusieurs années, l’intégration entre les environnements connectés et Internet a été freinée par l’absence de standards ouverts, tant au niveau des interfaces avec les machines que des réseaux. Plusieurs travaux ont visé à renforcer l’interopérabilité entre les deux mondes, afin de permettre aux entreprises d’exploiter plus largement les données issues de leurs dispositifs connectés (lire aussi : IoT, IA et Big Data, faire la part des choses).
À l’aide de connecteurs spécialisés, les données issues de dispositifs IoT peuvent aujourd’hui être récupérées pour nourrir des cas d’usage plus larges, même si ceux-ci n’ont pas été prévus au départ. Des passerelles permettent ensuite de faire le lien avec Internet, en transférant les données sur le cloud.
Les premiers connecteurs étaient souvent basés sur le protocole OPC, développé conjointement par Microsoft et des fabricants de machines industrielles. Publié en 1996, celui-ci a vu OPC UA lui succéder en 2006. Grâce à ces deux protocoles, les équipements industriels sont devenus plus aisés à interfacer avec le système d’information.
Pour porter l’intégration un cran plus loin, huit groupements d’industriels des télécommunications, dont l’ETSI à l’origine de SmartM2M, se sont réunis en 2012 au sein d’un consortium, oneM2M. Leur objectif : l’interopérabilité entre réseaux. La spécification oneM2M définit un langage commun, utilisable quels que soient le secteur et les technologies sous-jacentes. La spécification en est actuellement à sa troisième version, avec une quatrième en préparation.
Côté réseau, la très petite quantité de données transportée sur les réseaux LPWAN a empêché pendant plusieurs années ces derniers d’utiliser le protocole d’adressage IP, l’un des piliers du réseau Internet. À l’heure actuelle, des technologies récentes, comme celle développée par la startup Acklio, permettent d’interfacer directement les réseaux IoT avec les réseaux IP, une étape supplémentaire dans l’intégration des différents mondes.
Grâce à ces évolutions, les environnements connectés dialoguent de mieux en mieux entre eux et s’ouvrent au monde Internet, étendant encore le champ d’applications de l’IoT...
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